01 Sep

Lettre à une inconnue

Publié par E.D

Partons déjà sur ce que nous savons tous deux : je ne vous connais pas et vous ignorez également qui je suis. Alors voilà je ne suis pas le type à l'aise qui aborde facilement les gens à l'improviste. Non, mon fort est plutôt à l'écrit . Pourquoi est ce que je vous écrit à vous, parfaite inconnue, non pas que vous m'ayez séduit et que je veuilles faire naître en vous les mêmes sentiments ou que je vous reproche quoique ce soit. La raison est simple et je vais vous l'expliquer : un jeudi comme tous ceux du mois d'octobre : nuageux, gris et maussade ; je prenais le bus pour me rendre à un rendez vous professionnel (j'estime que je n'ai pas à vous donner plus de détails car vous êtes une parfaite inconnue) je m'ennuyais car j'avais oublié mon livre chez moi, un très bon livre d'un écrivain pas très connu et qui, à mon avis mériterait de l'être. Et donc en ce jour comme les autres ou, machinalement, je regardais ce paysage pathétique afin d'examiner la foule macabre des marcheurs matinaux tous vêtus de gris et de noir, sans exception, jusqu'à votre entrée dans cette scène : innocente , un sourire naïf au coin des lèvres et vêtue d'un légère robe rouge. Cette pointe de couleur, ce rayon de bonheur dans un décor si triste m'a émerveillé et a soulevé mon cœur . Un casque sur les oreilles et les cheveux aux vents je vous imaginais écouter des vieilles chansons d'amour en boucle pour vous convaincre que vous étiez réellement heureuse et réellement amoureuse sans même savoir de quoi, en effet écouter sans cesse ce chanteur encore adolescent, dans sa chambre la guitare à la main, exposer son amour a une belle jeune fille qui aurait pu être vous vous donnait l'illusion d'être importante, d'exister réellement, de compter pour quelqu'un. Vous devez bien avoir passé la vingtaine mais les expressions, naïves et digne d'un enfant qui prépare une bêtise, qui se dessinaient sur votre visage étaient propres au cœur des jeunes adolescente qui ignorent tout de la vie et s'y aventurent sans crainte ni préjugé, uniquement portés par l'espoir. Je vais vous confier quelque chose : j'ai souvent eu du mal à réaliser qu’après mon passage les gens bougent et continuent de vivre, ainsi je suis repassé chaque matin par cet endroit précis à la même m'attendant à ce que vous n'ayez pas bougé mais jamais je ne vous y ai revu. J'ai également, je dois l'avouer, fais quelques rêves à votre sujet , des rêves pures et enfantins mais je le répète je ne vous dit rien de cela dans l'objectif de vous séduire ou de vous voir, mais il était important pour moi de vous exprimer ma gratitude pour avoir illuminé ces derniers jours de ma vie si répétitive et banale . J’espère toujours vous revoir un jour, assise sur ce banc au milieu du trottoir qui mène au Luxembourg.